Si vous voulez, l’ami, que l’on vous lise ici
Il vous faudra montrer bien meilleur raccourci
En disant à ce Monde adorer le connaître,
Et saluant celui qui vient là pour paraître.
Passez de la pommade aux membres trop perclus
Puis sortez de leurs trous tous ceux qui sont reclus.
C’est alors, seulement, qu’on vous fera risette
Commentant aussitôt votre sotte gazette.
Ainsi va le courant qui transporte les preux,
Lesquels prouvent courage en se disant nombreux.
Or quand le vent se lève on compte peu de braves
Pour demeurer présents quand les coups se font graves.
. …
Ah ! Bon ! C’est donc ainsi que vous voyez la troupe ?
Mais sont-ils rassurés en restant tous en groupe ?
N’est-il pas dans leur rang quelque rogue meneur
Qui les garde sous main en fieffé promeneur ?
J’ai de la peine à croire en semblable désordre
Qui pousse des anciens à s’assembler pour tordre
Le cou des gens sans âme, à l’entrée de l’enfer,
Car souvent patentés par l’odieux Lucifer.
Est-il sur terre encor de solides couvents
Exempts de désaveu pour transports trop fervents ?
Je ne sais où cacher ma simplette personne
Qui souvent perd ses vers en mine mollassonne.
. …
Frappez-vous plus souvent, montrant votre corps nu,
D’une forte rancœur sous un air ingénu.
Personne ne viendra vous sortir de l’impasse
Car attendant, pour sûr, que la crise trépasse.
La solidarité est un très vieil objet
Qui suscite des gens le spontané rejet.
C’est, las, chacun pour soi, car Dieu pour tout le reste
Se morfond sacrément d’avoir créer la peste.
Courage donc l’ami ! Soyez assez pervers
Pour porter en nos lieux des propos dits en vers.
Vous verrez une foule s’ébranler toute en liesse
En chantant de bon chœur quand commence la pièce.