DE LA RÉVOLUTION A LA MATURITÉ
11 janvier 2015
Dans la douleur se fit notre constitution.
Et des spasmes vengeurs d'une révolution
Le sanglant couperet, fer armé de bassesse
Au peuple procura ses lettres de noblesse.
Du flot sourd et aveugle aux atroces dérives
Qui submergea Paris par marées successives
Naquit dans la terreur le fondateur écrit
Qui scella le futur de ses enfants meurtris.
Voilà qu'un mal obscur gronde devant nos portes.
Notre naïveté fait s'armer des cohortes
A l'extrémisme froid cherchant à imposer
Par le crime les lois de leur ordre étranger.
Mais la nation dolente aux fièvres moribondes
D'un bloc s'est soulevée en ses vagues fécondes,
Du droit à l'expression brandissant la bannière,
Le fond de l'âme ému par ce vil arbitraire.
A la démocratie vient la maturité,
Et culmine au ressac le phare liberté
Quand les couleurs de peaux au vent d'égalité
S'essaient sur les pavés à la fraternité.
Les crayons inspirés tirant leur révérence,
De plus belle renaît la folle irrévérence.
Le libertaire esprit, encore exacerbé
De son encre à nouveau gribouille le papier.
La patrie de Voltaire aime le persiflage
Et pour venger ses morts, illustre cet adage
Qui veut qu'on rie vivant de leurs plaisanteries !
Qu'il ne faudrait surtout mourir sans avoir ri !
NG
Poème retenu pour figurer aux archives "Charlie Hebdo" de l'université d'Harvard (USA)
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