Je suis sur une ile déserte
Comme un bateau désemparé.
Un bateau que les rats désertent
Comme un corps qui va se noyer
Dans cette foule qui ondule
Le regard déshumanisé,
Balloté comme un matricule
Au gré des corps désincarnés.
Etouffé par ce marécage
Aux miasmes indifférenciés
Où flotte en nappe le mirage
Des mots qu’on a dévertébrés.
Entrainé par la multitude
Où je ne peux me reconnaître,
Je sens en moi, par lassitude,
Monter l’envie de ne plus être.
Chaque instant, je perds un lambeau
De mon âme qu’on désagrège.
On me voudrait un numéro,
Même invisible sur la neige.
Et je vois passer les troupeaux,
Et j’entends les chiens qui aboient.
Nos maitres sont dans les châteaux,
C’est sur nos âmes qu’ils festoient
S.C
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Boileau